D’être déjà venue, de reconnaître…
Une couleur, du vert partout, une odeur alors, non la maison est trop loin.
Un parfum, un peu fort, celui des iris …
Derrière moi le seringat qui offre déjà son premier nectar aux abeilles.
Et le lilas, pourtant j’aurais juré que… Non, pas de lilas !
Alors, ce n’est pas le jardin de mon enfance…
Mais où suis-je ?
Je n’ai pas froid et pourtant je suis pieds nus et les graviers blancs de la grande allée sont doux sous mes pas..
Du vert aussi pour la maison, pour le petit escalier, les portes et volets !
Des propriétaires pleins d’espérance. Et cette vigne qu’on dit vierge qui courre sur tous les murs emprisonnant une glycine qui commence à fleurir.
Pas chez moi, et pourtant un air de déjà vu, de déjà vécu…
Je suis bien par ce que ce lieu me ressemble un peu ; sans aucune méfiance, j’ose avancer sur ce territoire inconnu et un bruit, léger, me fait tourner la tête. Juste le froissement d’aile d’une tourterelle et je n’ai pas peur.
Je suis tout près de la maison et je peux voir derrière une fenêtre la silhouette d’une jeune fille, je crois qu’elle est blonde, la chevelure nouée par un gros ruban noir et je l’imagine belle..
Une table est dressée dans un décor tout bleu, du buffet à la vaisselle, un bleu un peu turquoise ; prés d’une grosse cuisinière en fonte noire et or, un homme se tient un peu courbé et fait de grands gestes..
Des voix, un peu lointaines…. Des mots, des phrases…
Un petit ton sec de la part de l’homme que j’aperçois un peu mieux.
Il porte la barbe et tiens dans une main un grand bol de faïence.
Suzanne j’aimerais que vous… des brides de conversation, des prénoms, Alice vous le permets…. Poser n’est pas aussi fatiguant que vous pourriez le penser…. A partir de la semaine prochaine….
Une femme vient d’entrer dans la cuisine. Vêtue d’un grand tablier blanc elle pose sur la table une corbeille rempli de madeleines, peut-être…
D’autres voix de femmes se font entendre et je recule un peu.
Maintenant, je crois que j’ai un peu froid et je fais tomber le livre posé sur mes genoux.
J’en étais où ?
Ah, oui, la crème au thé !
Que c’est bon de fermer les yeux quelquefois….
La recette de la crème au thé
Faîtes infuser 6 cuillerées à dessert de thé de Ceylan et de thé vert
mélangés dans du lait bouillant (1 litre) sucré avec 25 g de sucre.
Remuez pour faire fondre le sucre, laissez refroidir, récipient couvert.
Lorsque le lait est presque froid, ajoutez 6 jaunes d’œufs battus.
Fouettez puis passez au tamis.
Faites prendre au bain marie, au four, avec le feu dessus.
La jeune fille à l’ombrelle tournée vers la gauche
et que l’on peut voir au musée d’Orsay à Paris,
est la belle fille de Claude Monet, Suzanne, une
des quatre filles de sa seconde épouse,
Alice Hoschédé.
Un petit lien ici ou Philippe Delerm parle de Giverny dans son
livre “Les chemins nous inventent”.
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