Conduire ou conduire ?

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Les années 70 si chères à mon cœur et pendant ces années là notre vie à ma mère et à moi avait basculé…
Quelques mois avant sa mort, mon père faisait l’acquisition d’une voiture et maman décida de la garder, de la faire voyager avec un ami de Paris jusqu’à sa destination finale, notre petite ville du sud-ouest.
Ma mère ne savait pas conduire et cette belle automobile presque neuve, moins de 1200 kms, devenait pour moi un but à atteindre, une gageure et je faisais preuve d’une motivation sans limite qui me permit de réussir du premier coup l’épreuve du code de la route…..

Pour la conduite, ce fut tout autre chose !
J’étais douée, mais oui…. Je n’avais pas peur, j’étais bien et très à l’aise et mon moniteur un type adorable…. Brun, les cheveux longs, c’était la mode à l’époque, un style à la Julien Clerc et j’adorais Julien Clerc…
J’aurais aimé que mes leçons ne finissent jamais !
J’avais commencé en janvier, en mars je passais mon code et la première semaine de juillet devait être mon examen final, celui ou fière je serais allée chercher la voiture de papa dans le garage que nous louions près de notre maison.
Mais voilà, à cette époque un bruit courait…. On ne donnait jamais son permis de conduire à un jeune avant les vacances !
Le matin j’étais parti sans prendre mon petit déjeuner et c’est avec une très grosse boule dans le ventre que j’arrivais sur la grande place de la ville pour passer la fameuse épreuve…
Mon beau moniteur, tout sourire était là avec d’autres candidats et je voyais bien dans ses yeux toute son assurance… Il était persuadé que j’allais réussir du premier coup !

Très émue, je montais dans la voiture. L’inspecteur, un ancien colonel de l’armée ne me regardait même pas, le nez baissé sur une pile de papiers posée sur ses genoux….
Juste un bonjour mademoiselle et un allez-y !
J’avalais ma salive et en bonne élève appliquée, je vérifiais mon rétroviseur, ajustait ma ceinture de sécurité, tournait la clé et surtout appuyait comme une malade sur les pédales !
La voiture faisait un bruit d’enfer mais n’avançait toujours pas …
Mon voisin cria STOP tellement fort qu’il me fit peur et que je n’osais le regarder, ni lâcher le volant…
Il se retourna vers le moniteur et lança un votre élève démarre toujours avec le frein à main !
Et à ce moment là, tous s’est passé très vite et je n’ai même pas eu le temps de poser ma main sur l’objet de ma détresse !
C’est fini, vous pouvez descendre…. Dehors, les autres candidats qui n’avaient rien compris de ce qui s’était passé dans la voiture faisaient des yeux grands comme des soucoupes et moi très vexée et les larmes aux yeux je sortais de la voiture sous le regard pour la première fois très méchant de mon gentil professeur…
Rater l’épreuve du permis de conduire sans avoir conduit, ce n’était pas banal quand j’y repense !

Je ne vous raconterais pas notre déception à tous les deux…. L’agence fermait en aout et pas beaucoup de temps pour prendre d’autres leçons !
D’un autre côté, je Savais conduire et rendez-vous fut pris pour le premier lundi de septembre…

Et l’automne arriva enfin avec une nouvelle convocation pour la première semaine d’octobre…
La veille, un dimanche j’étais sortie faire une grande ballade au bord de la rivière et j’étais persuadée que cette fois ci j’y arriverai !
Le matin je m’étais levée en pleine forme, plus de grosses ou petites boules dans le ventre, mais avec une assurance que je ne me connaissais pas !
Maman depuis une semaine résidait chez ma grand-mère et mes oncles à une trentaine de kilomètres de la maison et je m’étais juré d’aller les retrouver ce jour là avec la voiture !

Je me souviens encore d’avoir pris le bus pour arriver jusqu’au grand garage Renauld et là je me rendis directement à mon boxe, je montais dans la voiture, et ma ceinture de sécurité mise et le frein à main desserré, je démarrais tranquillement et tout doucement je me rendis à mon lieu de rendez-vous…
Mes mains étaient moites et j’avais mal, parce que j’avais séré le volant un peu trop fort !
Je venais de conduire toute seule pour la première fois, deux kilomètres !
Je me garais sur la fameuse place et quand je suis sortie de Ma voiture, je me suis avancée tranquillement, bien droite avec ma belle robe verte bien courte et c’est tout sourire que je lançais un bonjour à mon cher moniteur…
Celui-ci et certains autres candidats me fixaient sans parler….
Ce cher colonel, et oui j’héritais du même inspecteur, se retourna et ne s’aperçut de rien.
Et puis tout se passa très vite, j’étais dans un état second comme si j’étais quelqu’un d’autre…. Une jeune femme très sûre d’elle pour une fois….
Et ce jour là, j’ai roulé en ville, fit deux créneaux, pris les petites rues de la cité médiévale et de la vitesse sur la nationale… J’avais des ailes, j’étais bien et je ne me reconnaissais pas !
Arrivée à bon port au bout d’une demie heure cette fois ci, c’est en me regardant et me souriant que mon inspecteur me tendis le petit papier rose tant convoité…. Et que j’irais dans les jours qui ont suivi échanger à la préfecture pour la petite carte rose !
Mon moniteur me fit la leçon et en même temps était assez fier de son élève…
Je retournais à la voiture et sorti du coffre mon petit 90, tout rond, tout neuf et tout beau que je collais sous le coffre à l’arrière. A midi, les mains rivées sur le volant et ne dépassant pas la vitesse autorisée, j’arrivais chez ma grand-mère et le Gaillac perlé et les petits biscuits roses de Reins avaient ce jour là le goût de la liberté…
Ma famille n’avait pas douté et moi non plus !

De l’audace, j’en ai eu ce jour là et à revendre et je reste persuadée que c’est mon père quelque part qui m’à insufflé sa force….

Et vous, des souvenirs particuliers attachés à votre examen du permis de conduire ?

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