Herbert, mon ami…

JOURNAL 37 Comments »

Je dédie ce billet à Ysa, à Jules et à toute leur famille et à bien d’autres…

Comme aujourd’hui, mais en 1971

Ilétait une fois un papa qui en se rasant le matin fut surpris par une chanson qu’il venait d’entendre à la radio….

Il appela sa chère et tendre épouse pour lui faire part de la découverte et quelques jours plus tard toute la famille se réunissait autour d’un vieux Tepaz pour écouter une belle voix qui nous racontait l’Italie, sa terre rouge orange, l’amitié, les hommes … Et puis des sons se mêlaient aux chansons,celui d’un réveil,des bruits de la rue, ceux d’un train et aussi des chœurs, ceux de la Chapelle Sixtine !

Rien à voir avec Aznavour, Barbara… Tout simplement différent….

Et il l’est, différent ce jeune homme brun et tout barbu avec un sourire et des yeux qui vous enveloppent de toute leur tendresse….

Comme si on le connaissait depuis toujours, une présence rassurante qui parle du quotidien avec une force et un enthousiasme à faire pâlir n’importe quel optimiste de haut niveau !

Une envie après ses premières apparitions télévisuelles de l’inviter chez vous … Parce qu’il est comme nous, un peu…

Il faudra remercier Claude Dejacques le découvreur de Barbara, Moustaki quiviendra le voir après sa prestation à la Rose d’or d’Antibes en 1970…

Herbert chanteur, oui mais avant en Italie le traducteur des chansons de Brel, Barbara, Mouloudji, Piaf, Ferré….

Déjà un nom, là-bas en Lombardie.

Et en 1971 ce sera Le concerto pour Venise, disque magique que toute notre famille venait de découvrir…. Et cette année là, Aragon le saluera …

Ce que nous apprendrons de lui, c’est qu’il à tout juste 27 ans, qu’il est né en Lybie, que ses parents sont Hispano berbères comme l’on dit, Juif Italien et qu’il deviendra par le divorce de ses parents lorsqu’il avait à peine deux ans, un migrant…. L’Italie, la Suisse, l’Allemagne, la France….

S’en suivront un deuxième album Mégalopolis, une fresque fantastique et écologiste bien en avance puisque nous ne sommes qu’en 1972….

Et puis Les années de la rage et de l’amour, ou il nous parle de l’Amitié, encore, des enfants, des gens heureux… D’une enfance qu’il n’a pas vécue et qu’il idéalise au travers de ses chansons.
Le Concerto pour pieds nus et orchestre que j’ai écouté en boucle des soirées entières….
Et puis son engagement, au milieu de ce bonheur presque tactile, avec l’Etoile d’or sur les retrouvailles d’un homme et de sa famille, sa terre….

Un engagement sans faille, et deux ans après la Guerre des Six jours, il partira avec sa mère à Jérusalem et il dira de ce voyage :

« Devant le mur, j’ai pleuré comme un gosse. Je sentais physiquement toute l’histoire juive s’incarner à la première personne.
Je connaissais ce mur, je l’avais déjà vu. J’avais l’impression d’avoir souffert pendant deux mille ans et de toucher terre enfin ».

Il décide alors qu’il émigrera un jour en Israël …Et la guerre du Kippour en octobre 1973 ne fera que renforcer ce choix.
Il sera le seul sioniste à être invité aux galas organisés par le Parti communiste français où son Etoile d’or, une chanson sans haine, sera chantée dans un silence total de la foule… Qui se débarrasse ainsi d’une mauvaise conscience quand à la politique officielle du Parti concernant la politique au Moyen orient. Et Herbert termine en remerciant les organisateurs de lui avoir permis de s’exprimer librement, montrant ainsi que le PC est un parti démocratique…

Le 24 novembre 1975 sur Europe 1, Herbert Pagani rédigera son fameux Plaidoyer pour ma Terre, qui lui vaudra un abondant courrier des auditeurs et la station rediffusera l’émission.
Ensuite c’est dans le Grand Echiquier de Jacques Chancel en 1976, et je fais partie des heureux téléspectateurs qui ont vu en direct l’émission, qu’Herbert lira à nouveau Son texte….
Il n’y aura qu’un seul passage de ce texte… Les médias de l’époque sont frileux…
Si vous pouviez prendre le temps, cinq petites minutes seulement pour écouter et voir…. Pour vous dire que les mêmes mots aujourd’hui pourraient être prononcés, que l’histoire n’a pas changé et que l’attente de la paix des deux côtés est intenable.

Herbert Avraham Haggiag Pagani né le 25 avril 1944 à Tripoli en Lybie est décédé le 16 Aout 1988 d’une leucémie foudroyante.
Je ne veux pas l’oublier…

Mardi, pour mettre en lumière la chanson l’Etoile d’Or, un diaporama des plus jolies photos d’Ysa qui habite à Tel-Aviv. Et puis aussi quelques dessins et peintures d’Herbert, parce qu’il avait tous les talents….

Je vous engage si vous le désirez le connaître mieux de visiter un site qui m’à été bien utile pour vous parler de lui aujourd’hui.
Il est parti à 44 ans, et je n’aurais jamais pensé que mon père 6 années plus tard s’en irait lui aussi et au même âge….
Alors à mardi…

2013 Les rêves du Simorgh. Wordpress themes .