Pour certains la fête serait terminée…
Mais c’est si bon de se souvenir et hier n’est pas si loin !
Carl et Karin aiment à réunir leurs enfants autour de la grande table de la salle à manger et à la lumière de la grosse lampe dégustent pendant la nuit du 13 décembre les Lussekatt aux épices accompagnés de vin chaud et de grands bols de lait…
Les filles sont encore vêtues de leurs longues robes blanches et de leurs couronnes de lierre et les garçons portent leurs grands chapeaux pointus recouverts d’étoiles dorées…
La fête n’est pas fini, puisque qu’elle brillera dans leurs cœurs jusqu’à l’année prochaine !
Ce 13 décembre, 3e dimanche de l’avent c’est la Sainte Lucie que l’on fête chez les Larsson, mais dans tous le pays aussi…
Ce soir là et pendant toute la nuit des processions et des chants dans les villes et les villages…
Les enfants dans leurs chambres vont passer la soirée à chanter et se raconter la magie des festivités…
La fête des lumières, comme ces peintres suédois qui pendant cinq années s’installeront en France à Grez-sur-Loing en 1884 pour tester la lumière…
On les appellera les peintres des lumières et du bonheur…
Se joindront à Carl Larsson, August Strindberg, Soren Kroyer….
Noël…
Dans la grande cuisine les petits sont déjà là et commencent à se régaler parce que là aussi la nuit va être très longue…
Et toujours la lampe posée au milieu de la table parce que les hivers suédois se recroquevillent dans le noir, se font feutrés et n’offrent bien souvent que quelques jours de clarté, six heures dans une journée…
Mais ce n’est pas bien grave, au contraire on se serre sous la lampe, on se rapproche, on est si bien qu’on voudrait que le jour n’arrive jamais…
Pour la soirée de réveillon, la famille et les amis proches arrivent avec les décorations, les couronnes en forme de cœur, des pichets de Glögg et les cadeaux …
Une effervescence palpable partout, dans les villes et les campagnes !
La grande salle à manger s’est parée pour la soirée de ses plus beaux atours, le sapin est dressé, les enfants sont beaux dans les costumes traditionnels et les femmes sortiront pour l’occasion leurs plus beaux bijoux…
Ce soir de la lumière partout, les lustres et les bougies s’en donneront à cœur joie pour briller, pour se vanter d’être les meilleurs, les premiers à donner à la fête des airs presque fantasmagoriques…
Sur la table, le grand chandelier de l’avent à sept branches, et des plats longtemps préparés à l’avance…
Du hareng mariné, du saumon, des saladiers de betterave…
Puis plus loin de grandes assiettes avec les boulettes de viande à l’oignon, les pâtés et saucisses et le fameux jambon cuit…
Le dessert n’est pas oublié, puisque de grandes jattes blanches sont remplies de riz au lait à l’orange…
Tout est près pour satisfaire l’appétit des convives arrivés souvent de très loin…
Puis ce sera l’heure d’aller rejoindre l’église…
Après avoir découvert leurs cadeaux, les enfants de la maison regagneront leurs chambres et auront pour ce soir là, la grande chance de ne pas être obligés de se coucher ….
Une nuit qui n’en finira pas….
Le lendemain heureux et un peu groggy, ils sortiront dehors pour aller retrouver leurs luges, leurs jeux dans la neige et n’auront jamais froid malgré les moins quinze degré de ce 25 décembre…
La St Lucie est toujours fêtée en Suède et au Danemark…
En Italie, la tradition perdure puisque Lucie est la Sainte Patronne de Syracuse !
Aux Etats-Unis, l’Eglise Luthérane organise des processions le 13 décembre pour les congrégations Scandinaves et Allemandes.
En France, c’est la ville de Montbéliard qui perpétue la tradition !
Je remercie Carl Larsson de m’avoir inspiré pour ces lendemains de fêtes !
Je ne vous ai découvert il n’y pas si longtemps cher Carl, grâce à l’ouvrage de Philippe Delerm, Sundborn, où les jours de Lumière…
Je vous aimé tout de suite parce que j’aimais déjà votre Suède et parce que vous n’êtes pas un artiste comme les autres.
Des aquarelles, des huiles… Vous étiez illustrateur aussi !
Peintre intimiste, statut que l’on vous a reproché… Peintre bourgeois aussi parce qu’entourée d’une famille aimante qui vous accompagnait partout, vous n’étiez pas un artiste maudit et vos œuvres permettaient à tout ce petit monde de vivre confortablement…
La lumière, le bonheur et alors !
Vous avez su rester indépendant et c’est tout à votre honneur…
Merci …
Bien sûr, les tableaux parlent d’eux-mêmes.
Mais vous savez ce que cette peinture avait de différent. Sur la plage de Skagen ou dans le jardin de Sundborn, nous voulions arrêter la vie, la lumière.
Mais nous voulions vivre aussi, et vivre ensemble, toucher le bonheur au présent.
Peut-être était-ce trop demander. Peut-être.
Mais c’était là tout le secret de notre passage sur la terre. Si l’on ne comprend pas cela, je crains fort que l’on ne se méprenne sur le sens à donner à cet art qui n’était surtout pas de l’art pour l’art, mais un art pour vivre, un art pour être et rendre heureux.
Philippe Delerm, extrait de Sundborn, où les jours de lumière.
Carl Larsson 28 mai 1853 né à Stockholm et décédé à Sundborn le 22 janvier 1919.
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