Parce ce qu’il y a des pays qui vous parlent d’eux à travers la musique…
Mon élan me porte depuis l’enfance vers des lieux verts et blancs où la brume se fait douce pour envelopper les secrets…
J’aime être charmée par le petit à petit, par le j’attends un peu, par la timidité, par ceux qui observent et qui savent prendre leur temps.
Les bisous, mais pas tout de suite !
Il y a des endroits qui savent se faire mériter, se faire désirer…
Là ou l’on perçoit de l’abrupte, du rugueux se cache souvent des trésors à découvrir !
Le regard doit s’aiguiser, et tel un fantôme traverser des murs épais, des citadelles invisibles mais pas invincibles et par delà les mots pénétrer les territoires…
Un homme m’a fait découvrir un pays parce qu’il le transportait avec lui et une ville parce qu’elle lui à tout donné et c’est lui qui le dit…
La substance de mon coeur provient tout entière de Bergen. La beauté naturelle de la ville, ses habitants, toutes ses réalisations et ses activités ont été pour moi sources d’inspiration…
Cet homme doué, bienveillant et courtois qui commença le piano à l’âge de six ans d’abord avec sa mère et ensuite au conservatoire de Bergen puis de Leipzig , fut le premier grand compositeur Norvégien.
C’est à Copenhague, centre de la vie intellectuelle et culturelle dans ces années 1864 qu’il rencontra celui qui fut son meilleur ami, celui là même qui fonda l’Ecole de Musique Nationaliste Norvégienne, Rikard Nordraak.
Ils décidèrent tous deux de « consacrer leur vie à traduire l’âme Norvégienne »…
Deux ans plus tard, Rikard meurt des suites d’une tuberculose mais notre homme n’abandonne pas son but.
Sa cause sera désormais la mienne, sont but sera le mien.
Ne croyez pas que j’oublierai ce à quoi il avait aspiré.
Un voyage en Italie avec la découverte de Bellini, Rossini et Donizetti dont il trouva « la musique épouvantable » !
Puis ce sera le retour à Christiana, devenue Oslo aujourd’hui, et même si l’accueil ne fut pas des plus chaleureux il parvint en octobre 1866 à donner un concert ou Nina sa fiancée et aussi cousine, chanta quelques lieder de Nordraak et lui-même interpréta plusieurs lieder dont il avait composé la musique et Hans Christian Andersen les paroles…
Et il devint alors le Chef d’Orchestre de la Société Philarmonique d’Oslo !
En juin 67, il épousa Nina et en avril 68 naissait leur fille Alexandra…
Cette année là notre homme fit une découverte importante avec un recueil de Musique Populaire de la campagne Norvégienne, Anciennes et Nouvelles Mélodies de nos montagnes, de l’organiste Ludvig Lindemann.
Ce livre allait devenir sa plus grande source d’inspiration…
En 1874, si Ibsen lui commanda ce qui devait rester son œuvre la plus célèbre, une musique de scène pour Peer Gynt c’est parce que Listz vouait une très grande considération à notre ami !
Travail difficile parce que sujet compliqué à l’extrême…
Ce fut un véritable succès avec seulement 37 représentations, parce qu’un incendie ravagea le Théâtre de Christiana !
Au calme à Hardanger il composa son fameux quatuor à cordes, le Solitaire dans la montagne.
Création importante puisque la Famille Royale fut présente au premier concert…
Pendant les années 1880, de nombreuses tournées et créations…
L’homme passionné par son pays et ses richesses se fatiguait et décida alors de s’établir définitivement dans l’Ouest Norvégien et mena une vie plus régulière…
Randonnées en montagne avec quelques amis, création bien sur et aussi quelques concerts… Il ne savait résister à ce plaisir…
Il reçut de nombreuses distinctions, il fut même nommé Docteur Honoraire des Universités d’Oxford et de Cambridge …
En 1898, la ville de Bergen organisa une Exposition des Arts et Traditions Norvégienne et il fut invité pour y ajouter un Festival de Musique !
Il réalisa là son vieux rêve…
Bien sur quelques unes de ses œuvres furent interprétées, mais il voulait faire connaître de jeunes compositeurs peu connus comme Svendsen, Selmer, Nordraak et d’autres…
Le public, principalement des villageois et des paysans se mirent à pleurer en écoutant cette musique, leur musique celle de leurs racines…
Notre homme avait atteint là le couronnement de sa carrière, il avait réussi et était devenu un Véritable compositeur Norvégien.
Sa santé fragile se détériora et pourtant jusqu’en 1905 il poursuivit ses tournées Prague, Varsovie et Paris…
C’est au cours de l’été 1906 qu’il composa sa dernière œuvre, Quatre psaumes, inspirée elle aussi des musiques populaires Norvégienne.
En 1907, il fut terrassé par une attaque et reçut des funérailles dignes d’un héros national…
Sa femme le rejoindra en1935…
Cet homme c’est Edouard Grieg, vous l’aviez peut-être deviné…
Comme le peintre Suédois Carl Larson dont je vous avais parlé en décembre, Grieg est un compositeur de la Lumière, de la clarté intérieur qui nous envahie lorsque nous l’écoutons…
Des images viennent à nous, aux premières notes et par exemple pour cette Suite n°1, Au matin qui correspond à l’Acte IV de Peer Gynt, souvenez-vous…
Peer est en Afrique du Nord et il contemple le lever du soleil sur le désert.
Les premières secondes s’ouvrent sur une mélodie à la flute…
Puis c’est le tour du hautbois et les cordes apparaissent !
Une étendue de sable bien sur, mais aussi son pays, ses montagnes, ses lacs et ses rivières et à travers ce morceau j’imagine plus la Norvège que le désert… Chacun se transporte où il veut et comme il veut avec lui !
Allez vite, courez et cliquez pour écouter ICI
J’ai changé de thème, mis de la couleur sur ma toile car après tout c’est le printemps partout alors pourquoi pas ici !
En décembre mon lecteur audio disparaissait comme par magie ….
Je change de thème et voilà qu’il refait son apparition, il était comme moi et attendait le printemps avec impatience !
Un peu de rose, un peu de blanc et le cœur revient à l’ouvrage…
Je peux passer de la musique, Ma musique !
Maintenant soyez tout ouïe…
Toujours extrait de Peer Gynt, la chanson de Solveig.
Là, le silence se fait, chutt…
Vous allez surement reconnaître et vous dire tiens, déjà entendu !
Oui, Gainsbourg s’inspirait beaucoup des classiques et là pour Jane il a fait fort… Lost song…
Souvenez –vous, il fait très froid et Peer s’est construit une cabane dans la neige et Solveig vient l’y rejoindre… 20 ans plus tard, il va mourir dans ses bras…
J’ai enfin trouvé la bonne traduction du Norvégien de la chanson !
L’hiver peut s’enfuir, le printemps bien aimé
Peut s’écouler,
Les feuilles d’automne et les fruits de l’été,
Tout peut passer.
Mais tu me reviendras, O mon doux fiancé,
Pour ne plus me quitter.
Je t’ai donné mon coeur, il attend résigné,
Il ne saurait (pourrait) changer.
Que Dieu daigne encore dans sa grande bonté,
Te protéger,
Au pays lointain qui te tient exilé,
Loin du foyer.
Moi je t’attends ici, cher et doux fiancé,
Jusqu’à mon jour dernier.
Je t’ai gardé mon coeur, plein de fidélité,
Il ne saurait changer.
Et puis grâce à mon petit lecteur retrouvé, vous aurez la chance d’écouter ma version préférée, celle de Lucia Pop, grande soprano Hongroise décédée en 1993.
Une pureté inégalable, et tellement d’émotion et de tristesse aussi dans cette voix magnifique …
C’est pour moi le symbole même de Grieg…
Etre heureux et pleurer… Comme ce peuple Norvégien l’été 1898 à Bergen…
Je dédie cette chanson à une autre Solveig qui se reconnaitra, n’est ce pas les filles…
Edvard Grieg 15 juin 1843 – 4 septembre 1907
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