3 – Auprès de mon arbre

CONTE MORAL ET INITIATIQUE 11 Comments »

Vivre signifie croître. en insistant dans un effort constant et en regardant toujours vers l’avant

Yaeko Nogami

Deux journées entières sans sortir de mon cocon, de mon pays à moi, de la maison…

J’aime ce jeudi !

Faire le tour du jardin, s’émerveiller d’un rien, de toutes petites choses surement insignifiantes pour les blasés !

Je ne fait pas partie de cette école là, je l’avais écris il y a un mois…

Tortue, pas le lièvre !

Je serpente, je chemine, je colline aussi parce qu’ici rien n’est plat, tout se mérite…

Le sol est déjà très sec, et la belle terre ocre s’effrite sous mes doigts comme du sable !

J’aime sa couleur, cet orangé qui pourtant va donner de beaux fruits, de belles farines et du bon vin aussi…

Je vous parlerai du petit jardin plus tard mais en ce jeudi matin ce qui m’inspire, me fait tourner la tête dans le mauvais sens, m’attriste,  c’est cet endroit au bout de la maison…

Cet espace vide qui n’a plus aucune sens…

Sans me disperser je m’égrène aux souvenirs…

Mon regard se penche partout, sur tout, mais sans audace, alors qu’avant !

Lui et moi on en avait à revendre et du courage aussi…

Ici, là et là et encore là, il y avait des abeilles en juin, des milliers qui se collaient avec délice sur les fleurs d’un arbre disparu, le tilleul de la maison…

Un peu comme celui là, mais pas tout à fait puisque chacun de nos arbres est unique…

Le cher à mon être, mon indispensable devait être très vieux mais très solide !

Sa plus grosse branche basse supportait une balançoire faite de cordes et de bois, vite montée et vite appréciée par la jeune demoiselle…

Cette place était mienne, cet arbre mon ami et confident !

Je passais du temps à tenir serré dans mes mains le chanvre qui me faisait mal et je fermais les yeux pour monter plus haut, toujours plus haut…

De la force dans les bras, les jambes tendus , je volais et m’envolais et je n’avais pas peur !

J’aimais aussi m’asseoir en tailleur sous cet ombre propice à la méditation…

Je réfléchissais, assagie et songeuse.

J’entends encore ma mère demander à ma grand-mère, mais où est la petite !

- Mais ou veut tu quelle soit, sous le tilleul…

Et c’était toujours vrai !

Voilà une photo trouvée par hasard et qui résume bien les vacances que je passait ici…

Mon arbre, ma bicyclette, la balançoire et les livres…

Le rêve toujours et encore….

C’est par téléphone que j’ai appris qu’un violent orage avait détruit, déraciné mon tilleul !

Les mois d’août ici peuvent être terribles et mes chères pyrènes nous renvoient comme un boomerang la fureur du ciel…

J’ai pleuré, saigné parce que j’ai imaginé sa souffrance…

Auprès de mon arbre, je me sentais rassurée comme si sa force me protégeait quelque part, mais de quoi au fait ?

Son parfum inoubliable envahissait le grenier lorsque la cueillette des fleurs était terminée !

Le parfum de l’enfance, celui de la vanille aussi mais plus tard…

Savonnette au tilleul et eau de Cologne ambrée furent avec celui de la Lavande de maman les odeurs de ma toute jeune existence…

La fleur d’oranger des oreillettes aussi…

Je suis là, plantée sur cette terre sans ombre et je m’enfuis loin, loin derrière moi !

Le vent d’Autan se lève et il fait déjà chaud et il n’est pourtant que 10 heures…

Replanter, pourquoi pas ?

Utile oui, mais cela voudrait-il dire que je l’ai déjà oublié…

Je vais y réfléchir.

Il y a environ une heure, la moto mystérieuse est venue faire demi tour ici !

Sûrement un homme, la silhouette était très grande….

Samedi, je fais ma courageuse et je passe à la Josseraie !

Je vais faire ma gentille fille polie qui va se présenter à ses nouveaux voisins ou son nouveau voisin….

Ce soir, je ne fermerai pas les volets de la chambre !

Aussi pratique qu’un réveil, l’aube me surprendra et sans faire de bruit…

J’aimerai me lever vers six heures pour profiter de la fraîcheur et je voudrais marcher, courir, voler, m’évader, respirer, vivre libre !

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