17 – Cousins, cousine

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Ce que je veux dire par vivre sa vie, c’est vivre dans le monde, non pas sous son emprise.

William Hazlitt

Lorsque nous remontâmes vers la maison, la petite troupe avait beaucoup de choses à raconter à mes parents et à ma grand-mère !

Tous autour de la grande table, les adultes essayaient de comprendre l’inexplicable…

Ils avaient fait le tour de la vielle bâtisse et même grimpé sur ce qu’il restait de toit pour mieux fouiller la cheminée, mais rien.

Je reste le seul témoin de cette étrange rencontre…

Susan et Peter demeurèrent  tous le mois de juillet à camper près des vieilles pierres, à scruter chaque parcelle de mur, à chercher une raison à la disparition du renard…

Je me souviens aussi de ma grand-mère qui avait peur lorsque j’allais jouer là-bas, m’imaginant me volatiliser à mon tour si je m’approchais trop prés…

En 1971 mes cousins d’Aix en Provence vinrent passer quelques jours chez nous et pas seuls !

Ils étaient accompagnés d’un petit renard apprivoisé, ce que ne voyaient pas d’un très bon œil mes oncles à cause des poules qui picoraient en liberté autour de la ferme…

L’animal tellement heureux de quitter sa cage se sauva bien vite et tous les enfants essayèrent de le suivre, mais en vain !

Un goupil est un coureur hors paire…

Bien évidement, nous descendîmes vers la maison abandonnée en laissant vagabonder notre imagination persuadé que notre renard avait été avalé par les pierres.

 

Et ce sont bien des années plus tard que dans une bibliothèque je découvrais le livre de Christian Charrière, Le Simorgh…

 

Hasard ou coïncidence ?

Parce qu’il est question de la matière, des pierres vivantes qui essaient de nous absorber, de voler notre inconscient…

L’écrivain raconte que l’idée de ce livre, véritable conte initiatique, lui est venu lors d’un voyage en Grèce où il a caressé les murs et à senti une vie au travers…

En 1978, Christian Charrière était l’un des invités de Bernard Pivot dans l’émission Apostrophe, et je mets ici quelques minutes à écouter, petit moment rare qui n’existe qu’ici !

Clip audio : Le lecteur Adobe Flash (version 9 ou plus) est nécessaire pour la lecture de ce clip audio. Téléchargez la dernière version ici. Vous devez aussi avoir JavaScript activé dans votre navigateur.

Il y a trois ans je découvrais le film de Luc Jacquet, le Renard et l’Enfant, histoire bouleversante et onirique de la rencontre d’une petite fille, Bertille et d’un renard !

Encore un conte initiatique, avec des images à couper le souffle, une porte qui s’ouvre sur une amitié hors du commun, deux personnalités uniques en parfaite osmose avec la nature…

C’est curieux comme un livre et un film m’auront fait avancer !

Je me retrouve chez Jérôme dans le Simorgh, et je suis tellement Bertille là-haut dans la montagne…

Les photos du film proviennent du site du CRDP que je vous invite à découvrir, il est très riche en informations et vous pourrez voir d’autres magnifiques photos, des interviews de Bertille et un vrai découpage du film !

 

Des renards mais aussi des loups !

Un petit lien encore celui d’un nouveau blog, MILLIONS DE MOTS

Des textes, des photos et des auteurs que peut-être vous connaissez déjà…

 

Mise en lumière aujourd’hui de Lynédice qui avec son très beau texte Angle de roche va vous emmener loin, dans une forêt un peu magique, avec des animaux, une Bertille sommeille en elle, c’est sûr !

 

Grandir, grandir mais ne jamais cesser de regarder la vie avec les yeux de l’enfance…

 

J’aime mon côté un peu fleur bleue, naïf quelques fois, trop sentimental aussi…

 

Je veux croire aux pierres qui nous parlent, à la magie, à l’émerveillement, et me dire chaque jour que rien n’est parfait, rien n’est acquis, que tout reste à faire…

Et que pourtant rien ne vaut la vie !

Ps/ je viens de découvrir que Titus le petit renard apprivoisé par Marie-Noëlle Baroni dans le film, est mort un an après le tournage, il avait 12 ans…

16 – Déjà

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Vivre pleinement, à l’extérieur comme à l’intérieur, ne pas ignorer la réalité extérieure pour le bien de notre vie intérieure où l’inverse, voilà toute une tache…

Etty Hillesum

Et oui samedi cela fera deux mois que je suis arrivée dans la maison ou le temps n’a pas prise sur mes souvenirs d’enfance…

J’ai retrouvé des parfums, des ombres chancelantes qui  me font moins peur et fait une belle rencontre, Mark !

De lui, de mon apprentissage, je vous parlerai un peu plus tard, vers la mi-septembre…

*

Je ne suis pas triste de quitter un endroit si cher à mon cœur puisque je sais qu’en automne, j’aurais la chance d’y retourner quelques fois !

Je ne veux plus avoir le regard mélancolique lorsque l’appel du passé se fait pressent, je veux juste m’accaparer du meilleur pour qu’il continue à me construire…

De bons murs de pierre, une charpente en châtaignier, des tuiles Canales rousses, celles que je préfère…

*

Le plus difficile semble être acquis, il ne me reste plus qu’à installer dans mon esprit ce qui peut faire une vie belle !

Ne pas tout à fait savoir ce que je veux, mais au moins et pour la première fois savoir ce que je ne veux pas…

Un pas de souris, tout petit mais celui-ci ne glissera plus des sentiers trop abruptes !

*

Tourner des pages devrait me paraître moins cruel, et moins m’attacher salutaire…

*

Et je n’oublie pas mon petit renard, mais nous ne sommes pas mercredi !



15 – Y croire

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Le puits de la providence est profond, c’est le seau que nous y apportons qui est petit.


Mary Webb

Encore quelques cerises grappillées dans la main de Mark et un second verre de rosé pour me redonner un peu de fraîcheur car ma gorge commençait à s’enflammer à force de parler !

Je lui disais donc qu’en 1962 un couple d’anglais, Susan et Peter s’était installé dans le petit jardin qui jouxte la maison.

Pendant des heures, ils avaient du se battre contre les ronces, le lierre et quelques orties pour dégager un petit espace et y planter leur tente.

Ils étaient itinérants comme cela se faisait beaucoup à cette époque et posaient leur maison n’importe où dans un champs, aujourd’hui c’est le collectif et la promiscuité qui prime !

J’avais à peine 4 ans lorsque ce couple se lia d’amitié avec mes oncles pendant tout le mois de juillet…

Si jeune,  et pourtant des souvenirs qui  semblent avoir laissé quelques traces, comme par exemple un après-midi où j’avais visité leur campement !

Curieuse, j’avais tendue l’oreille et avancé lentement vers leur tente et j’eu juste le temps de reculer, un renard surpris en plein vol de gourmandises s’enfuyait à mon approche…

Celui ci, tellement effrayé par nous autres humains, termina sa course dans les ruines de la maison !

Pris au piège dans la seule pièce murée, la cuisine, il alla s’abriter dans ce qu’il restait de la cheminée et c’est ainsi que Susan, Peter et mes deux oncles virent l’animal disparaitre au travers du mur…

Je me souviens seulement de voix presque lointaines crier, faites attention à la petite, elle va avoir peur !

*

Ce renard cher au Petit Prince était il un garou- garou passe muraille ?

Ou une illusion, une sorte de mirage ?

Pourtant 5 personnes ce jour là ont vécu ce moment…

Des murs qui parlent, un goupil qui se volatilise, la bonne foi de témoins, mais l’histoire n’est pas terminé et mercredi qui n’est pas que le jour des enfants, nous en saurons un peu plus !

14 – Rencontres et nonchalance

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La vie est une aventure audacieuse ou rien du tout.

Faire face au changement et se comporter comme un esprit libre en présence du destin est une force invincible.


Helen Keller


J’ai pour quelques jours regagné ma maison de ma petite ville au bord de l’eau !

Pour des rencontres et de belles, celle avec Jeanne et hier après-midi c’était Dana accompagnée de Jeanne et ce fut là aussi une heureuse surprise….

Curieux, certains pensent que de l’autre côté du miroir, il n’y a que des intentions et des mots mais j’ai toujours su que se cachait derrière un écran une certaine réalité et j’avais raison !

*

Je ne m’imagine pas les gens, je ne fantasme pas et pourtant ce serait si facile de rêver, de se créer tout ce que l’on voudrait que les autres soient…

Quelques heures avec Jeanne et Dana, et c’est une nouvelle porte qui s’ouvre sur la réalité…

Il n’y a pas deux mondes qui se côtoient mais un seul, parce que le  monde est fait de plusieurs fenêtres, plusieurs sensations, que rien n’est ni tout blanc ni tout noir et que tout doit se mélanger pour faire la couleur de la vie

*

J’ai souvent eu peur de faire le premier pas, que ce soit ici ou dans un jardin ou un salon de thé avec des amies blogueurs…

Et bien c’est une très belle chose que le pouvoir du net vient de m’offrir…

Le hasard ou le destin, je ne sais pas !

Jeanne dans la même ville et pourtant jamais croisé…

Dana en Roumanie, comment aurais-je fait !

Le blog est ma liberté, ma fenêtre ouverte à toutes les saisons, à toutes les envies…

Je me souviens de mes premiers pas en mars 2009, je voulais être moi, enfin

J’y arrive tout doucement et j’aime ça…

*

L’été est propice aux rencontres, mais aussi à plus de nonchalance !

J’aime la lenteur et je me fais escargot…

Je n’aurais pas tout l’été la chance d’avoir une connexion alors je ne pourrais pas toujours être présente !

*

Je ferais comme la poule qui picore sur un mur, j’attraperai un peu d’air au passage !

Je terminerai  ma petite histoire en fin de semaine et puis je parlerai d’autres choses….

Encore merci à Jeanne et Dana, à Dana et Jeanne !

Mille bisous à vous tous aussi…

13 – Respirations

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Si on me demandait de nommer  le principal bienfait d’une maison, je répondrais : notre maison abrite nos rêveries.


Gaston Bachelard



Joddy était couchée à mes pieds et respirait faiblement, elle avait eu très chaud et ce petit havre de paix qu’était la maison abandonnée allait lui permettre de reprendre sa force tranquille !

Mes souvenirs allaient bon train !

Je gavais Mark de mes pérégrinations enfantines,  par delà les chemins oubliés, les champs pas encore jachérisés…

*

Sans doute parce que j’étais sereine et à  l’écoute, je divaguais ma passion avec un certain délice, et le regard de Mark s’appuyant sur moi devait quelque part en être la cause…

La légende de cette maison, c’est mon oncle qui me l’a raconté, il y a bien longtemps…

Il ne trichait pas aux cartes, mais il  aimait enjoliver, ajuster à sa façon la vérité !

Ce sentier tout petit avait été très grand puisque des carrioles à deux chevaux le traversait allègrement pour rejoindre le village les jours de Foire.

D’autres maisons sans doute devaient s’éparpiller le long de cette voie abritée par des chênes verts et des châtaigners mais il n’en restait aucune trace.

*

Seuls persistaient ces quelques murs enrobées de mousse et de lierre…

Je me rappelle  du bâton que mon oncle ne quittait jamais.

Pour houspiller les serpents disait il !

*

Aujourd’hui, je me souviens…

En 1944,  l’endroit qui avait servi de refuge pour des résistants, avait été incendié par des miliciens traqués par la FFI

Bien avant la guerre, la maison avait été laissée à l’abandon  pour une sombre histoire d’indivision et était devenue une sorte de gîte pour des braconniers en tous genre !

Si la vieille charpente de chêne n’avait pas résisté, les murs noircis se tenaient fiers et droits au milieu d’un amoncellement de tuiles canales et d’orties.

*

C’est en 1958 que des bruits commencèrent de courir…

Firmin, le facteur du village,  racontait  qu’un dimanche en descendant le chemin pour aller à la pèche, il s’était arrêter à lou casau* pour préparer ses mouches.

Ce jour là,  il fut intrigué  par un bruit inhabituel, une sorte de chuchotement inaudible…

En s’approchant plus près d’un mur, il voulut poser son oreille sur les pierres et qu’elle ne fut sa surprise !

La lauze était chaude mais surtout sa texture ressemblait à la fourrure d’un animal, d’un lièvre…

Ses mains suivirent les pierres et partout la même douceur, le même velours…

Elles avaient aussi changé un peu leur couleur !

Plus claires, beaucoup plus lumineuses comme si la lumière du soleil leur avait ôté leur souffrance, leurs brûlures, leurs cicatrices…

Notre homme n’en croyait pas ses yeux et eu peur !

*

Un fonctionnaire ne pouvait mentir, la légende allait devenir vraie…

D’autres habitants cette année là purent à leur tour vérifier les dires de Firmin !

Le lieu, les murs, tout avait changé…

Même le vent d’Autan semblait contourner l’endroit !

*

Le facteur aurait pris des photos, mais hélas on ne pouvait discerner sur aucune d’elles la moindre trace que de nombreux regards avaient pourtant validés…

Le temps passa et en 1963 un couple d’anglais qui pratiquait le camping sauvage…

Mark m’écoutait et buvait mes paroles !

Nous commencions à avoir faim et nous priment  la sage décision de pique-niquer avant de descendre vers la rivière…

J’arrêtais quelques instants mon  récit pour sortir du sac à dos notre Gaillac rosé et nos échaudés !

Joddy fut la première à déguster notre frugal repas…

*

L’air doux, le moelleux de la mousse, la douceur d’un regard, tout contribuait à rendre ce moment  inoubliable et exaltant aussi !

Prendre le temps, ensemble, pour mieux s’apprivoiser, se comprendre encore plus,  était facile avec un tel compagnon…

C’est avec un verre à la main, un vrai,  que je reprenais mon récit…

A suivre !

*Maison en ruines en Occitan

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